Les pesticides

Les substances de synthèse « pesticides » (du latin « pestis » - fléau et « caedere » - tuer) sont des produits chimiques appliqués sur une culture, des plantes, des aliments ou d’autres produits industriels (peinture, revêtement de façades, …) pour lutter contre des organismes vivants jugés nuisibles (plantes, vers, insectes, bactéries, champignons, ...). Elles sont présentes dans plusieurs types de produits : phytopharmaceutiques, biocides ou antiparasitaires. Cela représente aujourd’hui plusieurs milliers de substances et plusieurs dizaines de milliers de produits de dégradation. Ils peuvent polluer l'eau à des concentrations infimes.

Les pesticides étant destinés à détruire des organismes vivants, ils sont susceptibles d’avoir des effets sur la santé humaine et l’environnement. Leurs effets sanitaires peuvent être aigus (cas exceptionnel généralement lié à des expositions accidentelle ou chronique fortes par des utilisateurs de ces produits) ou chroniques (à long terme). Ils sont particulièrement mis en cause et surveillés en tant que perturbateurs endocriniens avérés ou potentiels.

La présence de teneurs en pesticides proches ou dépassant ponctuellement les limites fixées pour la distribution d’eau pour l’eau potable nécessite par ailleurs la mise en œuvre de solutions curatives coûteuses (installation de filtres à charbon actifs dans les usines de potabilisation des eaux pour supprimer le maximum de pesticides présents).

Une obligation européenne (directive 2009/128/CE) a instauré un cadre d’action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Cette directive prévoit que chaque État membre adopte un plan d’action national en vue de réduire les risques et les effets de l’utilisation des pesticides sur la santé humaine et l’environnement.

Le plan Ecophyto II+ constitue la réponse de la France à cette directive. Ce plan matérialise les engagements pris par le Gouvernement et apporte une nouvelle impulsion au précédent programme (plan Ecophyto II adopté en 2018) pour atteindre l’objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d'ici 2025. Il prévoit notamment d’accélérer le retrait des substances les plus préoccupantes, promouvoir l’usage des produits de biocontrôle et préparations naturelles peu préoccupante et accompagner la sortie du glyphosate d'ici fin 2020 pour les principaux usages, et au plus tard d'ici 2022 pour l'ensemble des usages.

Le développement du suivi des pesticides s’est généralisé depuis la fin des années 90 et les performances analytiques des laboratoires n’ont cessé de progresser depuis.

L’eau est un compartiment particulièrement bien surveillé. Parmi les 100 substances les plus commercialisées en Poitou-Charentes, 74 ont été recherchées au moins une fois sur le bassin de la Sèvre niortaise et près de 250 000 analyses y ont été réalisées depuis 2004, avec près 600 substances recherchées au moins une fois.

Au-delà des objectifs fixés par la réglementation française sur la qualité de l’eau potable distribuée à la population (limite de 0,5 µg/l pour la somme des molécules et de 0,1 µg/l par molécule), la commission locale de l’eau a défini des objectifs pour les concentrations par molécule et en pesticides totaux pour les eaux superficielles et souterraines :

• une teneur de 0,1 µg/l (à respecter à minima dans 90% des analyses effectuées) pour chacune des molécules analysées,
• une teneur < 0,3 µg/l (à respecter à minima dans 80% des analyses effectuées) pour la somme des molécules détectées,
• une teneur de 0,5 µg/l (à ne pas dépasser dans les 20% d’analyses restantes) pour la somme des molécules détectées.

Le nombre d’analyses des pesticides effectués dans les eaux sur le périmètre du SAGE a plus que triplé depuis 2004. Le suivi a ainsi été énormément renforcé.

Les valeurs s’approchent des objectifs dans le SAGE pour la somme des molécules (avec 80 % des analyses dont la somme est < 0.3 µg/l), mais les dépassements des 0.5 µg/l sont encore beaucoup trop nombreux pour espérer les respecter.

Les molécules les plus fréquemment détectées sont répertoriées dans le graphique ci-dessous. Ce sont essentiellement des molécules « herbicides ».